Le fracas des âmes ne parvient pas
à l’oreille du gardien des flammes
il se brise sur la vitre qui nous sépare
nous emprisonne dans le visible
la plainte des colombes ne parvient pas aux cavités
mais s’évanouit dans le silence de l’espace
nulle couleur pour la souffrance
nulle couleur pour l’espérance
le ciel absorbe les prières comme un ventre de femme
comme un téléphone public dans un quartier bruyant
une voix gémit
se balance sur une corde fragile
ni les saints ni les anges ne l’entendent
pas plus que les chiens
assoupis au seuil des étables
protégeant les loups de la chair des agneaux
midi brûle
et l’aurore blesse comme les pics acérés
meurtrissent le berger des montagnes perdu en altitude
nul espoir aux nuages de dévier
le vent
Maram Al-Masri. « Signe 24 », Par la fontaine de ma bouche, traduit de l’arabe (Syrie) par Maram Al-Masri, avec la collaboration de Bruno Doucey, Paris, Éditions Bruno Doucey, 2011, p. 59 et 61.